16 mai 2025

Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca

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©Photo tirée de la page Facebook de Mark Carney. 

La cérémonie d’assermentation, le 13 mai 2025 à Ottawa.

Cette quadragénaire possède du vécu en politique puisqu’elle est, entre autres choses, l’ancienne grande cheffe du Grand Conseil des Cris du Québec. 

Outre sa fonction de ministre, Mandy Gull-Masty endosse également la tunique de députée de la circonscription immense d’Abitibi—Baie-James—Nunavik—Eeyou, la plus grande au Québec (un peu moins de 800 000 km2). 

La bonne nouvelle ne lui a pas été communiquée longtemps à l’avance. « J’ai reçu un appel du premier ministre Mark Carney le 10 mai. J’étais vraiment surprise. Je n’avais que 24 heures devant moi pour me présenter à Ottawa. Une grande nouvelle pour moi ! » 

Sa présence dans ce ministère peut représenter un symbole. Cela implique une autre stratégie. « Je vois cela comme une nouvelle direction, une nouvelle approche. Le défi va être gros pour moi car je suis la première femme autochtone à gérer ce dossier pour le gouvernement. » 

Sa particularité réside dans le fait qu’elle a elle-même déjà reçu les services autochtones en question. Elle comprend également, comme elle le rappelle, « la réalité de vivre dans une communauté autochtone ». Elle se situe de l’autre côté désormais, dans les coulisses. 

Son travail de députée, à l’aune de l’immensité de son territoire électoral, paraissait déjà imposant. Sa fonction de ministre vient « alourdir » la tâche qui l’incombe. « J’ai deux rôles maintenant. Être députée de la région, c’est très important pour moi. J’ai beaucoup de dossiers. Pendant la campagne électorale, j’ai émis plusieurs idées par rapport à ma gestion du rôle de députée. À l’époque, je n’avais jamais pensé pouvoir devenir ministre. Maintenant, j’ai un autre mandat : celui de donner un service à tous les peuples autochtones. » 

Son agenda se divisera entre son activité parlementaire, gouvernementale dans la capitale nationale et sa présence sur ses terres en tant que députée. « Il faut être aussi sur place pour réfléchir aux réalités. L’environnement a une grosse influence. En tout cas, ça prend une grosse équipe pour assurer les deux rôles », confie-t-elle. 

Pas en français !
Une petite polémique a surgi du fait de l’usage unique de l’anglais pendant le serment de la cérémonie qui l’a vue devenir officiellement la nouvelle ministre des Services aux Autochtones. 

Cette option au profit de Shakespeare et au détriment de Molière a pu faire grincer des dents dans la province. « Quand on m’a parlé de l’assermentation, on m’a demandé si je voulais le faire en anglais ou en français. C’est une première fois pour moi. Je ne savais pas qu’on avait le droit le faire dans les deux langues. Je l’ai fait en anglais. J’étais vraiment nerveuse. Tout le Canada me regardait. Ce n’était pas le moment de commettre des fautes de français. » 

En revanche, elle promet que son « assermentation de députée sera en français ». Mme Gull-Masty recevra des informations à ce sujet la semaine prochaine.
Qu’importe la langue, les discours étaient lus mais le délai était trop court. « On a reçu les textes une heure avant. Je n’avais pas le temps de me préparer. Mais je comprends [les réactions]. J’aurais dû m’exprimer quand même dans les deux langues. Dans le futur, je veux démontrer un respect pour les deux langues. Mais le monde doit comprendre aussi que ma première langue est le cri. »

©Photo tirée de la page Facebook de Mark Carney.

Le gouvernement Carney. Mandy Gull-Masty est dans le groupe de gauche. Au deuxième rang, troisième en partant de la droite, elle tourne un peu la tête.